Hercule Poirot est de retour dans une nouvelle intrigue écrite par Sophie Hannah, une auteure de romans policiers reconnue en Angleterre (et dont j’avoue n’avoir jamais entendu parler) qui a eu l’idée de ressusciter le personnage, avec l’accord des ayant-droits d’Agatha Christie.
Cette dernière avait un rapport complexe avec son personnage, elle n’hésitait pas à montrer son agacement vis-à-vis du détective belge en insérant dans ses romans Adrianne Oliver, son double, affublée d’un enquêteur aux nombreuses manies dont elle ne cessait de se plaindre. Il est d’ailleurs amusant de noter qu’Hercule est le seul de ses célèbres personnage à bénéficier d’une vraie fin, dans une énigme parue après la mort de Christie et qui lui vaudra en 1975 la Une du New York Times, une première pour un personnage de fiction : "Hercule Poirot, le célèbre détective belge est mort" .
Alors pourquoi, plus de trente ans après la disparation de la duchesse de la mort, décider de faire revivre Poirot ?
Certainement par amour pour l’œuvre de Christie et le désir de faire vivre cet héritage conséquent comme l’exprime Matthew Pritchard, le petit-fils de l’auteure dans une interview : Ma grand-mère n'avait laissé aucune instruction à ce sujet, n'imaginant pas que son héros susciterait toujours de l'intérêt si longtemps après sa mort, poursuit Matthew Prichard. Le hasard a voulu que nous réfléchissions à une éventuelle suite, lorsque la romancière Sophie Hannah a fait savoir qu'elle pensait avoir une bonne idée pour un Hercule Poirot. Nous l'avons rencontrée et avons immédiatement été séduits par son projet.
Peu emballée par ce projet, hérissée à l’idée que Meurtres en majuscules ne soit pas fidèle à l’univers Christien que j’aime tant, j’ai entamé ma lecture très réservée.
Pour cette intrigue, nous retrouvons le célèbre détecteur en 1929 alors qu’il semble goûter à un repos bien mérité dans une pension tranquille de Londres où il se voit rattrapé par le crime lorsque l’inspecteur Cacthpool logeant à la même adresse, est confronté à une série de meurtres surprenants : deux femmes et un hommes viennent d’être retrouvés morts, dans le même hôtel Bloxham , tous les trois dans des chambres et étages différents et , ayant chacun ,un bouton de manchette aux initiale PIJ , enfoncé dans la bouche.
Si vous ajoutez aux faits, la rencontre étrange entre une jeune femme terrifiée avec Poirot, la veille dans un petit restaurant du quartier, vous avez tous les ingrédients pour une bonne énigme, menée officiellement par Catchpool et finement orchestrée par le talentueux homme à la moustache qui ne perd pas une occasion de démontrer l’étendue de son esprit de déduction.
Dans un premier temps, l’ensemble fonctionne très bien , le lecteur retrouve avec plaisir un univers familier et un personnage si souvent décrit et adapté à l’écran qu’il en est devenu connu de tous.
Cependant, au-delà du schéma familier des romans de Christie, l’intrigue, à la fois compliquée et trop longue, s’enlise. Malgré un détour bienvenu dans la campagne anglaise et le mystérieux passé des victimes, le dénouement mal ficelé ne peut convaincre les plus avertis : n’est pas Agatha qui veut !
Si le personnage d’Hercule reste convaincant et plutôt bien reconstitué, quelques détails peuvent faire tiquer, il n’y a pas besoin d’accentuer les traits, Poirot se suffit à lui seul. De son côté, Catchpool qui est le narrateur, n’est pas à la hauteur de faire-avoir comme le capitaine Hastings, l'inspecteur Japp ou Miss Lemon, il se révèle fade et naïf.
Pour certains, il y aura peut-être le plaisir de retrouver le détective mais les fins limiers sauront reconnaître ici un hommage maladroit.
Quitte à reprendre des personnages, J’aurais préféré une nouvelle aventure de Miss Marple ou encore de Tuppence et Tommy Beresford qui moins connus que Poirot justement, pour éviter la comparaison qui est sans doute, inévitable si vous lisez les romans d'Agatha, depuis toujours ou presque.
Meurtres en majuscules, une nouvelle enquête d'Hercule Poirot de Sophie Hannah au Livre de poche, traduit de l'anglais par Valérie Rosier (2014).
Commentaires
Je vais donc passer mon tour. Merci du conseil!
J'ai le roman dans ma PAL en anglais, j'avoue la curiosité et la magnifique couverture ont eu raison de mon craquage... Je ne le lirai peut-être pas tout de suite vu ton avis !