A la faveur de l'automne, qu'il est bon de se souvenir des heures de lecture ensoleillées, au calme dans une chaise longue, dans le jardin ...
- Rebecca
Lorsqu’elle écrit Rebecca, Daphné Du Maurier a 30 ans, elle est mariée, mère de famille et si elle a déjà été publiée, aucun de ces romans n’a encore connu le succès que va connaître celui-ci. Reconnue pour son travail d'auteure, dans son pays et même au-delà. Hollywood viendra même à elle avec Alfred Hitchcock qui adaptera même le roman pour le cinéma comme il le fera avec L’auberge de la Jamaïque ou la nouvelle Les oiseaux. Daphné aura du mal, cependant, à se défaire de cette image romantique qui sera attachée, à tort, à ce livre.
La narratrice travaille comme dame de compagnie de Mme Van Hopper. Elles sont sur la côte d’Azur quand elles rencontrent Maxime De Winter, veuf depuis peu. Malgré la différence d’âge mais aussi de milieu, la jeune femme et Maxime nouent une relation qui se voit menacée par un éventuel départ des deux femmes pour l’étranger. Ne pouvant se résoudre à être séparé de son amie, De Winter propose de l’épouser et de la ramener en Angleterre . Si elle ne sait rien de la vie qu’il les attend, la narratrice est charmée par Manderley, le vaste domaine de son époux sur lequel règne l'effrayante gouvernante Mme Danvers. Rapidement, la nouvelle Mme De Winter réalise que le fantôme de la première femme de Maxime, plane sur la vie au domaine. Rebecca était celle qu’elle n’est pas et si peu sûre d’ell-même, la jeune femme va devoir faire face à la présence obsédante de la disparue…
Comme beaucoup, c’est avec ce roman que j’ai découvert Daphné et j’ai été emportée par l’ambiance qui se dégage de ses pages. Avec une écriture vive et précise, Daphné dresse le portrait de ses personnages et tisse une intrigue aussi fascinante qu’envoutante. La nouvelle traduction est sortie au printemps et c’est avec celle-ci que j’ai réalisé cette relecture. Je regrette que les passages manquants dans la précédente édition ne soient pas indiqués dans ce livre, ils apportent pourtant un autre éclairage sur une scène clé de l’intrigue.
Rebecca est un roman fort qui figure parmi mes préférés et que je recommande très régulièrement.
- La crique du français est un roman très différent de Rebecca. Ecrit au début de la seconde guerre mondiale, Daphné souhaite une intrigue moins sombre et propose, toujours avec des thèmes qui lui sont chers ( la mer, une belle maison où se réfugier, une héroine qui rêve de liberté alors qu'elle se sent enfermée dans sa situation), une intrigue passionnée et rafraichissante.
Son héroine Dona St Columb fuit une existence londonienne vide et futile pour sa résidence de Navron, avec ses enfants. Au détour d’une de ses promenades, elle va la connaissance d’un pirate français qui pille les riches propriétés de la côte anglaise. Il représente cette liberté à laquelle elle aspire désespérément et leur liaison va l’entrainer dans de rocambolesques aventures qui se verront interrompues par le retour inattendu du mari de Dona, bien décidé avec ses amis, à capturer ce français qui vient les narguer sur leurs terres …
La crique du français emporte son lecteur, séduit par cette romance d’une autre époque qui constitue un coup de cœur pou moi. J’ai aimé retrouver ce que j’apprécie tant chez Daphné à savoir l’étude de ses personnages et un décor si présent, avec cette petite touche résolument plus légère et entrainante.
- La maison sur le rivage , est, en comparaison avec La crique, un roman beaucoup plus sombre et tourmenté mais tout aussi captivant. Là encore, Les Cornouailles et une demeure de famille. Le scientifique réputé, Magnus Lane a invité son meilleur ami Dick, à profiter d’un séjour au calme chez lui, en son absence. En effet, Dick qui vient de quitter son job dans une maison d’éditions, se voit pressé par son épouse, Vita, d’accepter un autre poste, aux Etats-unis. Néanmoins, Magnus lui propose une expérience inédite : tester les effets d’une nouvelle drogue qu’il vient de mettre au point. A peine le liquide avalé, Dick se retrouve projeté dans un passé vieux de plus de six siècles. A chaque nouvelle dose, il rejoint les mêmes personnes et y suit leurs intrigues sans pouvoir intervenir. Rapidement dépendant de ces voyages dans le temps, Dick doit composer avec sa famille venue le rejoindre et les conséquences inattendues de cette expérience. Mais peut-on jouer avec la science sans se bruler les ailes ? Le passé et le présent se mêlent au point de faire perdre toute raison à Dick …
Cet autre roman est écrit plus tardivement dans la vie de Daphné. Inspirée par l’histoire de ce qui deviendra sa demeure, Kilmarth. Il n’en faudra pas plus pour développer l’imaginaire de la romancière. La biographie Manderley for ever de Tatiana De Rosnay éclaire la lecture de l’œuvre de Daphné et apporte un plus à la compréhension du processus d’écriture. Là encore, le sujet et l’atmosphère sont saisissants, même si je leur reconnais quelques longueurs.
Il me restera à vous présenter L'amour dans l'âme, le premier roman de Daphné que j'ai lu au mois d'août.