Parmi les indispensables à glisser dans sa valise pour réussir ses vacances, entre le short et la crème solaire, figure le livre de poche. Celui que l'on va dévorer pendant de longues heures sur la plage, dans cette chaise longue sous le saule pleureur dans la jardin de grand-mère ou dans l'avion. Celui qui va nous emporter, nous faire oublier ces six derniers mois gris souris et passer de longues heures aux côtés d'un(e) héros(ine) forcément touchant(e). Le choix est vaste, cependant, vous avez de la chance, je suis là pour vous aider et aujourd'hui, je vous conseille le premier pavé de votre été : Quitter le monde de Douglas Kennedy.
Les romans de cet auteur américain (si peu reconnu par ces concitoyens- vous ne savez pas ce que vous perdez les yankees) souffre d'un schéma similaire : une héroine à la forte et fragile, le plus suivant, une femme cultivée, univeristaire, indépendante va devoir affronter moults épreuves et retrouver un sens à sa vie. Le tout présenté avec finesse et justesse par un homme qui comprend très bien les attentes féminines et sait les retranscrire. Ses héroines ne sont pas gnan-gnan, ce sont des femmes lucides, impitoyables avec elles-mêmes, elles appuient beaucoup plus sur leurs échecs que leurs réussites, dénichent la faille tout en espérant trouver un équilibre nécessaire à leur bien-être. La vie ne les épargne pas et ce n'est pas Jane qui va dire le contraire ...
Du campus de Harvard aux rues du Berlin d aujourd hui, en passant par le Maine, la Nouvelle Angleterre et le Canada, la trajectoire bouleversante d une femme en quête éperdue d amour et de reconnaissance. Douglas Kennedy dans son roman le plus ambitieux à ce jour.
Jane n a que treize ans lorsque, lors d un dîner à l ambiance particulièrement lourde, elle annonce à ses parents qu elle ne se mariera jamais. Une phrase d apparence anodine aux conséquences désastreuses : son père quitte le foyer presque sur-le-champ ; quant à sa mère, elle tient Jane pour directement responsable de l échec de son mariage.
Quelques années plus tard, étudiante en lettres à Harvard, Jane entame une liaison avec son professeur. Pendant quatre ans, elle vit dans l'ombre mais heureuse avec cet homme qui la fascine. Bonheur brutalement interrompu par la mort de son amant, dans des circonstances obscures.
Jane trouve alors un poste dans une très lucrative entreprise de trading. Mais en voulant faire parvenir de l argent à son père qui se prétend ruiné, Jane attire l attention du FBI qui lui révèle les véritables occupations de celui qui est en fait un escroc international.
Décidée à rentrer dans le giron universitaire, Jane devient professeur dans une petite fac de Nouvelle Angleterre. Là, elle fait la connaissance de Theo, un cinéphile obsessionnel, et donne naissance à une petite Emily qui fait toute sa joie.
Alors que, pour la première fois de sa vie, Jane se prend à croire au bonheur, le drame frappe à nouveau...
À bout de forces, Jane est tentée de quitter le monde, avant de trouver, au hasard d un fait divers odieux, la force de se raccrocher à la vie.
Avec cette héroine, les événements se succèdent et le lecteur a l'impression qu'elle a mille vies : l'université, son prof, la finance, de nouveau la fac, Théo, sa fille. On ne s'ennuit pas une seconde et l'on se prend de sympathie pour cette femme à qui la vie ne laisse pas de répit.
A un moment, on serait tenté de dire "trop c'est trop" (je pense notamment à la dernière intrigue) et pourtant, l'intrigue fonctionne et c'est avec soulagement que l'on assiste au retour à la vie de Jane Howard.
La critique considère "Quitter le monde" comme le meilleur roman de Douglas Kennedy et je suis de son avis (pour une fois) : tout est là, ses thèmes de prédilection ( le destin d'une femme, les conséquences de ses choix, la souffrance, la relation parent-enfants, la fragilité de la vie et notre capacité à revenir de très loin), son écriture, juste et fine. L'ensemble pourrait être larmoyant or Jane ne pleure pas sur son sort, elle souffre d'un manque de confiance en elle et regarde sa vie avec beaucoup de lucidité.
A mon avis, un roman qui bouleverse, forcément.