Autant être sincère, avant de découvrir son adaptation sur France 2, je n’avais de ce chef d’œuvre que l’image d’un énorme livre poussiéreux et certainement ennuyeux, l’intrigue se perdant dans les batailles napoléoniennes et me donnant un vague début de migraine à l’évocation d’une possible lecture.
C’est que j’ai appris à me méfier des classiques depuis le lycée. Intoxiquée par une prof de français qui n’a pas eu son pareil pour me détourner de la lecture « plaisir » pendant un nombre considérable de mois, je suis devenue une franche partisane de la lecture choisie et non subie, abandonnant en partie ce genre de romans présentés comme « incontournables ». Rebelle dans l’âme, j’ai farouchement évité certains rayons de bibliothèque. A tort ou à raison, il me fallait cette parenthèse pour de nouveau aimer ouvrir un ouvrage.
Evidemment, j’aurais prétendu qu’il fallait lire Tolstoï avant même d’imaginer suivre cette série de téléfilms en fille pleine de contradictions que je suis. Grands dieux, pensez-vous ! On n’a pas idée …
Ce que je n’avais pas prévu, c’est la télévision laissée allumée sur France 2 le soir de la première partie. Je me souviens avoir râlé qu’une dizaine de minutes étaient déjà passées et que l’on ne pouvait certainement rien comprendre si on se permettait de manquer le début quand j’ai croisé le regard de Pierre…
Ses petites lunettes rondes, ses airs gauches et maladroits, son sourire. Je suis tombée sous le charme de son personnage. Prête à le suivre au bout du monde (ou, au moins des quatre épisodes qui constituent la saga) ...
Et si cette adaptation n’est pas fidèle par certains côtés au roman de Tolstoï, elle a au moins le mérite de proposer un agréable moment de télévision, les décors et costumes sont magnifiques, les scènes de bals n’ont à mon avis, rien à envier à celles d’Hollywood.
La jolie Clémence Poesy vient parfaire ce casting international et propose une nouvelle interprétation de Natacha que j’ai trouvée attachante. Beaucoup de romantisme au programme, bien plus que je ne l’aurais imaginé (me voilà comblée) mais aussi ses scènes très fortes présentant le prince André sur le « front ». Ces petites touches de philosophie sur la guerre et les hommes, distillées au compte goutte et malheureusement pas assez nombreuses à mon goût . Il y a une réelle intention de retranscrire une belle adaptation du roman.
C’est ce qui compte au final si comme moi, vous ne pensez plus qu’à dévorer ce classique de la littérature ! Au vu de la densité de l’œuvre, il reste certainement des blancs à combler, des aspects plus cachés des personnages à approfondir comme le lien entre Pierre et la France.
Ces téléfilms ont su me transporter en Russie et oublier le cours du temps. Fidèlement au rendez vous pendant quatre semaines, je regrette déjà ces soirées du mardi, où le cœur battant, je retrouvais Natacha et le prince André que je ne manquais pas de sermonner face à mon écran et Pierre pour qui je tremblais sans savoir ce qu’il allait advenir de lui.
Evidemment, mon cœur de midinette n’a pas résisté. Oublions les quelques secondes surprenantes de presque fin qui viendraient presque gâcher le plaisir pour ne garder que ces belles images et l’émotion …