Il a beaucoup été question de condition féminine autour de moi, ces derniers jours…
Tout d’abord au travers du livre que je suis en train de dévorer : « Fleur de neige » de Lisa See. Le roman raconte la vie de deux femmes, l’une d’origine modeste qui va voir son destin lié à tout jamais à celui d’une autre, plus élevée socialement, dans la Chine du XIXème siècle. Le récit est prenant, dense, riche du poids des traditions et de la quasi inexistence des droits des femmes, réduites à exercer les corvées ménagères de la maison et à « donner des fils », sous peine de voir leur situation encore rabaissée.
Si je savais déjà qu’il ne faisait pas bon être une fille sur ce continent, à cette époque, cette lecture me fait prendre pleinement conscience des souffrances endurées en silence, notamment au travers du bandage des pieds, effectué vers 7 ans afin de réduire la taille de ces derniers et devenir une femme respectable. Ma pointure aurait donc fait de moi « une servante aux grands pieds », tout un programme …
Malgré tout, il a ressort de ma lecture, un sentiment presque « universel » et beau : ces femmes qui subissent des traditions plus qu’anciennes, voire « barbares » mais gardent une volonté intacte de réussir leur vie. Elles luttent encore et toujours. Elles développent une forme de force mentale assez impressionnante face à la vie, que j’admire…
C’est un peu la même question qui revient alors : en serais-je capable ? Qu’aurais je fait, à leur place ?
Voilà qui m’amène naturellement à penser à Ingrid Betancourt, otage en Colombie. Un ex policier, lui-même détenu a réussi à s’enfuir et pu, pour la première fois, apporter des nouvelles à sa famille et parler de leurs conditions de vie auprès des Farcs. Ingrid est encore en vie et essaie de résister, à sa façon. Je suis toujours stupéfaite là aussi du courage dont font preuve ses proches. Sa mère qui se lève très tôt tous les matins pour lire à la radio des messages d’amour à sa fille et dont on sait aujourd’hui que certains lui parviennent, sa sœur Astrid, ses enfants Lorenzo et Mélanie qui se battent sans faiblir pour que leur mère ne soit pas oubliée. On ressent une telle rage positive en eux, un désir intense de la revoir vivante alors que les intentions militaires du président la menacent encore plus…
Sur un ton plus amusant quoique sérieux, ma filleule, qui aura bientôt 13 ans, découvre le féminisme par réaction à l’image de la femme véhiculée dans les clips de rab ou r’n’b et s’en trouve choquée (comment ne pas l’être d’ailleurs ?). Elle a développé toute une théorie très juste sur « les pots de fleurs qui rentrent le ventre pour faire ressentir leurs fesses « et n’apprécie guère que les garçons puissent penser que seules les filles qui adoptent ce genre cette attitude, sont intéressantes… Pas évident de lui montrer que le monde ne se limite heureusement pas à ces jeunes ados et qu’il existe heureusement des hommes qui savent penser, autrement. Je suis tout de même fière qu’elle se révolte et expose ses idées. (J'en suis fière, ça se voit ? )
Pour finir ces quelques lignes décidément dédiées aux femmes, ma grande tante est repartie chez elle, retrouver sa maison, ses filles et sa campagne. Comme toujours, si j’ai pu être agacée par certaines choses parfois, elle a laissé un vide dans l’appartement, les voix des deux mamies ne résonnent plus dans la cuisine dès le petit déjeuner…
C’est pour mieux se retrouver, heureusement.
Ma grand-mère a fêté son anniversaire mercredi et en repensant à sa vie d’épouse dans les années 60, je réalise que là aussi, il y a eu du changement mais que le désir de bonheur reste cher aux cœurs des êtres humains, quelque quoi soit l’époque ou la situation.
« Les hommes rêvent, se fabriquent des mondes idéaux et des dieux. Les femmes assurent la solidité et la continuité du réel."
(René Barjavel / 1911-1985 / Une rose au paradis / 1981) »