Avant toute chose, il est bon de savoir qu’ Anatomie d’un crime fait suite au roman Sans l’ombre d’un témoin, reprenant différents éléments de l’intrigue sous un angle différent. Je ne le savais pas et je dois dire que cela n’a pas gêné ma lecture, tout au plus, décidé à lire le précédent pour en appréhender l'enquête policière. En somme, mettre en place le puzzle.
Quatrième de couverture :
Londres. A l'arrière d'un bus qui traverse la ville, le jeune Joël, sa sœur et son frère roulent vers leur destin. Dans un quartier chic, Helen Lynley rentre chez elle. Elle est belle, heureuse, la vie lui sourit. Tout est en place pour une rencontre. Fatale. Car Joël est une arme vivante. Le détonateur ? C'est son histoire. L'explosif ? Son quartier, écrasé par la misère et la violence qu'elle génère. Jusqu'au dernier moment, Joel pense qu'il pourra choisir. Mais d'autres ont peut-être déjà choisi pour lui... Une extraordinaire machine à remonter le crime. Et à le démonter.
Si vous vous attendez à une enquête de police typique avec crime et recherche de l’assassin, vous pouvez passer votre chemin car ce roman est réellement atypique et complexe. Pour comprendre ce qui va amener Joël à commettre l’irréparable, l’auteur nous propose pendant près de 600 pages de revenir sur la vie du jeune garçon,, des drames qui jalonnent son existence depuis le décès de son père, victime innocente d’un règlement de comptes et l’hospitalisation de sa mère en institut psychiatrique. Nous plongeons dans les quartiers pauvres de Londres. Ici, c’est la loi de la rue avant tout.
Leur grand-mère ayant décidée de partir seule en Jamaïque, Ness (Vanessa) la sœur aînée qui ne pense qu’à la drogue et au sexe (c’est là son unique moyen de paiement), Joel et Toby, son jeune frère de 8 ans qui présente de sérieux retards et troubles du comportement, se retrouvent devant la porte de leur tante Kendra. Cette dernière n’est pas franchement heureuse de la situation mais prend en charge la fratrie. Au fil des mois qui vont suivre, elle n’aura de cesse de vouloir remettre Ness sur la bonne voie, de les aider comme elle le peut et d’éviter à tout prix une séparation et les services sociaux.
Joel n’est pas une petite frappe, il n’a même rien du voyou, c’est un gamin plutôt sympathique, dépassé par une situation et des responsabilités qui ne devraient pas être les siennes. A un âge clé ( à 12 ans, on ne veut plus être considéré comme un gamin mais il est difficile de prendre des décisions d’adute),il va essayer de se faire une place dans cette cité, de se préserver des rencontres avec les dealers et autres brutes. Un conseiller de son collège va tenter de l’attirer vers le monde des lettres car Joel est doué. Mais les mots ne seront pas d’une grande aide pour protéger Ness et Toby …
Implacable. Captivant. En tant que lecteur, nous savons que Joel va commettre cet acte et nous suivons cette longue descente aux enfers, ces mauvaises rencontres et autres pactes qui conduisent au drame. Un sentiment de frustration grandit au fil des pages. Les choses auraient elles pu être évitées ? Certainement. Ce qui est encore plus déchirant …
Plus de 700 pages et pourtant, aucune lassitude. L’ensemble est sombre, le décor sordide mais à aucun moment, le récit ne tombe jamais dans le voyeurisme ou le racolage. Il amène à réfléchir sur la société, ce qu’il est possible de faire ou pas mais aussi le regard que nous pouvons porter sur ces quartiers, les préjugés et idées fausses que nous en avons.
En ce qui me concerne, il s'agit de ma première rencontre avec l'américaine Elizabeth George. Qui m'encourage fortement à poursuivre cette découverte ;) ...