Au lycée, ma prof d’anglais avait une théorie selon laquelle notre cerveau était découpé en petites cases où en fonction du type de vocabulaire nécessaire à l’exercice, les mots allaient se ranger et ressortir tel un « fou » de sa boite au moment voulu, à savoir face à notre feuille de copie ou lors d’un oral.
Une sorte de commode à tiroirs multiples où, selon si on l’on veut demander sa direction ou expliquer un texte de Shakespeare, on ouvre celui de gauche ou du bas…
J’ai toujours eu du mal à concevoir mon raisonnement de la sorte.
Ce que j’apprenais à l’époque se rangeait alors façon assez anarchique mais trouvait sa place, avec plus ou moins de réussite.
Peut être aussi parce que j’ai toujours été peu réceptive aux théories fournies par les professeurs, que je n’ai jamais vraiment aimé les contraintes imposées même si mon image de « bonne élève » pouvait faire penser le contraire.
Ainsi, si j’avais écouté ces personnes à l’époque, ma vie se serait alors organisée selon les petites cases, chaque connaissance, fait ou evènment à sa place, la fantaisie ou même le libre arbitre, ne faisant pas partie de ma vie…
Sauf que j’aime avoir les cheveux dans le vent…
Je ne sépare pas vraiment mes sentiments de mes connaissances, ma vie privée est la voisine de ma vie professionnelle (où de son absence…), je n’arrive pas à ranger ma tribu d’un côté et mes amis d’un autre, il y a des va et vient incessants.
A l’heure qu’il est, il se passe des choses dont je ne peux parler, sous peine de heurter certaines personnes mais je dois reconnaître que je hais les clans, les séparations.
Peut être que je devrais, peut être que je ne devrais pas….
Mon existence est plus que ça, patchwork à ses heures, la commode déborde parfois un peu trop. Elle menace de flancher sous le poids mais il y a toujours un moment où à l’inverse de la tour de Pise, je me recentre, je me remet droite et m’aperçois alors que mes choix me rendent forte, plus que je ne le pensais.
Des piles de livres sont posées, un carton à chapeau contient des photos par millier et oh miracle, je me sens bien.
Je n’arriverais jamais à avoir des cases d’où sortent des marionnettes…
"Imagine there's no heaven,
It's easy if you try,
No hell below us,
Above us only sky,
Imagine all the people
living for today..."
Imagine - John Lennon