Il existe des moments où l’on se dit, sourire jusqu’aux oreilles que la vie valait la peine d’être vécue pour « ça ».
Et même que l’on aurait aimé être une petite souris pour y assister !
De part son travail, mon père est un homme habitué à parler, à échanger, à négocier.
Il sait avancer ses pions et écouter les autres.
Alors quand il est rentré cette semaine en me racontant cette anecdocte, je n’ai pu m’empêcher de rire…
Un déjeuner seul au restaurant, deux jeunes femmes parlent derrière lui, un homme en face de lui, seul lui aussi.
Le portable dans la poche, prêt à sonner, j’imagine mon père perdu dans ses dossiers, essayant de se détendre quand les filles se sont mises à papoter un peu trop fort pour qu’il n’entende pas car même si on ne veut pas écouter, on sait que dans ces cas là, on le fait malgré tout.
Vous allez me dire, mais de quoi parlaient donc ces demoiselles, dans le dos de mon père ?
Elles avaient une conversation digne de « Sex and the city », se racontant avec détails et impressions à l’appui, leurs ébats amoureux.
Mon père est donc en mesure de raconter ce que faisait à 1h10, l’une d’entre elles.
Ce que faisait aussi son jules.
J’imagine d’ici sa tête, mi amusé, mi étonné.
Il a eu aussi le droit au long débat « chaque pot à son couvercle » qu’il ne connaissait visiblement pas encore.
Mais le moment de grâce, celui où je regrette vraiment de ne pas avoir été en face de lui, tant j’aurais aimé surprendre son regard, c’est lorsqu’une des deux filles a demandé à l’autre, « si après, elle s’essuyait simplement ou si elle se lavait ! ».
(Notez que je ne veux pas savoir quelle a été la réponse...)
Il n’était pas choqué mais surpris, étonné de la facilité avec laquelle ces filles parlaient de « ça » avec moult détails en mangeant leurs spaghettis aux boulettes de viande puis leurs desserts (on est d’accord que j’invente le menu, il était de dos) et combien, finalement, les générations avaient changé …
Il m’a assuré qu’ »elles n’avaient pas l’air bêtes, qu’elles n’étaient pas des gamines, elles devaient avoir 25 ou 26 mais pas trente ans » parce qu’il les avaient regardé en se levant, il voulait voir à quoi elles ressemblaient.
Il s’agissait bien de deux copines qui papotaient à table comme tant d’autres et non d’aliens débarqués de la quatrième dimension.
Il a attendu, je pense de voir ma réaction pour savoir si un jour, un autre papa surpris, m’entendrait dans un restaurant.
Je l’ai déclaré officiellement apte à regarder la série, tout en le rassurant.
Non, je ne suis pas une fille qui déballe sa vie entre la poire et le dessert, je trouve que c’est too much "en public" mais je lui ai bien expliqué que pour un nombre important de personnes, ce n’était pas un problème d’étaler leur vie intime à la terrasse d’un café.
« Mais quand même …enfin…je n’avais jamais entendu des questions aussi stupides ! »
Eh oui, c’est comme ça, que veux tu !
En voyant la tête décidément déconfite de mon père, souriant et riant à la fois, je lui ai quand même demandé si il avait donné quelques conseils à ces jeunes filles.
Même pas.
Par contre, il semblerait que le Jules en ai besoin !