"La valse lente des tortues" de Katherine Pancol

A l'occasion de sa sortie en poche (certaines lectrices auront fait preuve de plus de patience que moi ...), j'ai très envie de vous parler de ce roman de Katherine Pancol qui fait suite aux "yeux jaunes des crocodiles" dont je parle ici.

C'est avec plaisir que nous retrouvons l'ensemble des personnages, autant de bons amis. Après la révélation sur l'identité de l'auteur du roman, Joséphine est désormais un auteur à succès qui peut quitter la banlieue pour un appartement chic de la capitale pour le plus grand plaisir de sa fille âinée. Toujours en manque de confiance en elle, elle doit se faire à cette nouvelle vie avec Zoé. De nouveaux voisins, des réunions de copropriétaires et même un tueur en série qui rode !  Iris déprime dans une maison de repos et ressemble de plus en plus à sa mère, l'une comme l'autre ne peuvent digérer la réussite des autres. Phillipe est parti vivre à Londres où il peut croiser Shirley et Gary, venus vivre près de leur royale famille alors qu'Hortense suit des cours de stylisme dans l'une des plus prestigieuses écoles britanniques. Comme dans le précédent roman, cette galerie de personnages est pleine de vie. On s'aime, on a peur, on se quitte, on espère, on parle aux étoiles quand le doute est trop fort ...

Le ton est un peu plus sombre. L'ombre de l'ex mari de Joséphine plane, son amant étudiant se révèle sous un jour nouveau, Henriette médite sa vengeance pendant qu'un homme assasine les femmes du quartier. Heureusement, un drôle de chien vient faire son apparition et l'intrigue réserve de jolies surprises comme des personnages "secondaires" qui prennent de l'ampleur : qu'il est bon de se promener dans Londres avec Hortense et Gary.

Certaines critiques ont pointé le doigt sur l'absence de vraisemblance de certains rebondissements. Argument avec lequel, je ne suis pas vraiment d'accord. La fantaisie est nécessaire dans un roman, elle apporte cette petite touche d'éclat qui manque au quotidien. Un peu de chance sur le chemin des personnages ne fait pas de mal et l'auteur retombe toujours sur ses pattes. L'intrigue est fluide, bien ficelée et le dénouement vraiment surprenant ! Je pense même avoir préféré ce second opus, décidément très riche.

Un troisième livre est en cours d'écriture et vous pouvez suivre le parcours de l'auteur sur son bablablog où elle se révèle drôle, sensible et optimiste (c'est tellement rare) ! Je savoure chaque billet et attend sagement la suite des aventures de cette famille peu ordinaire.

"Si je reste" - Gayle Foreman - Oh ! Editions

Mia a 17 ans, un petit ami que toutes ses copines lui envient, des parents un peu excentriques mais sympas, un petit frère craquant, et la musique occupe le reste de sa vie. Et puis...Et puis vient l'accident de voiture. Désormais seule au monde, Mia a sombré dans un profond coma. Où elle découvre deux choses stupéfiantes : d'abord, elle entend tout ce qu'on dit autour de son lit d'hôpital. Ensuite, elle a une journée seulement pour choisir entre vivre et mourir. C'est à elle de décider. Un choix terrible quand on a 17 ans. Si je reste est une merveilleuse histoire d'amour, mais aussi un livre qui nous fait réfléchir à l'essentiel, à la place de l'amour et du bonheur, à tous ces liens avec nos proches auxquels on s'habitue et qui sont pourtant le vrai trésor de nos vies.

Un bandeau rouge présente le livre comme "le plus émouvant depuis Twilight", il me fallait vérifier ...

Mia aime la vie, sa famille, son petit ami, sa meilleure amie et surtout la musique et son instrument, le violoncelle. Ce matin, ils ne devaient pas prendre la route et pourtant ... Lorsqu'elle ouvre les yeux, elle réalise qu'elle peut voir tout ce qui se passe autour d'elle, qu'elle est détachée de son corps meurtri que les secouristes tentent de sauver.

A l'hôpital, elle voit défiler les médecins et ses proches à son chevet. Ses parents sont décédés mais où est Teddy, son jeune frère ? Et puis, à quoi bon avoir la vision de cette vie qui n'est que douleur et chagrin ? C'est alors que les souvenirs des jours heureux reviennent et c'est aussi le moment où vous entamez votre deuxième paquet de kleenex, ou presque (ou encore la seconde tablette de chocolat) . Évidemment que ce roman est émouvant ! Aux premières pages, nous avons une famille unie et plutôt joyeuse, un brin originale et voilà que tout est balayé, comment ne pas être retourné ?

Mia passe d'un souvenir à un autre, elle est encore sous le choc quand elle comprend qu'elle est la seule à pouvoir choisir : vivre ou mourir ? Que faire quand votre monde s'écroule et qu'une possibilité est offerte d'en finir pour de bon ?

Étonnamment, ce livre est plein de vie. De ces petits détails insignifiants , pourtant si précieux ( je milite pour une reconnaissance depuis des années ). Et puis le premier baiser, l'amour... La musique évidemment, présente tout au long et qui porte le lecteur qui vous fera découvrir le son si particulier du violoncelle notamment grâce à Yo-Yo Ma . Mia n'est pas larmoyante mais consciente. Elle s'étonne de la réaction de certains, suit ses amis à travers les couloirs et reste très forte, peut-être parce qu'elle est "riche" de tout l'amour de ses parents, de sa famille ...

Est ce que l'on passe sa lecture avec de grosses larmes sur les joues ? Non (en ce qui me concerne mais le coeur serre) parce que l'auteur la joué fine. Ce qui n'était pas forcément gagné et qui fait la réussite de ce livre, dont les droits ont d'ores et déjà été achetés par Summit qui a confié la réalisation à Catherine Hardwicke. Oui, oui, la dame qui a fait Twilight, cette année, c'est vous dire combien les studios ont confiance ...

Un roman réussi et très touchant.

Why don't you (Harper's bazaar)

Dans le numéro du mois de mars du magazine Harper's bazaar, Sarah Jessica Parker conclut son interview par une série de "tips" pour une "vie chic et élégante". Sa liste (ci dessous, en vo)  se révèle simple, juste et accessible. J'ai beaucoup aimé ce qui concerne le courrier, c'est tellement vrai ! Je n'ai pas écrit de vraie lettre depuis des lustres !

Why don't you ...

• Try, for every 20 e-mails you send, to write a letter, an old-fashioned letter, and post it. Remember how it felt to receive an actual letter or postcard in the mail?
• Keep a bucket filled with candy. Cheap, good candy. From butterscotch hard candies to Bulls-Eyes to spice drops. Pretty cheap per pound, low calorie, and great late at night while working or staying up too late reading or watching television. It will scratch the itch.
• Use your local library. So few people do anymore. And if you are a parent, introduce your children to their neighborhood library. It will give them a real sense of independence to have their own library card and enjoy borrowing books.
• Empty out your purse twice a week, tossing all coins into a mason jar, an old coffee can, or a strange-shaped and not particularly practical porcelain jar. It's wonderfully surprising to discover what can accumulate. You can give the money to charity (always feels good), and it's grand to do in the spring when charities are not on people's minds.
• Cook or bake something outrageous that you are convinced will be impossible. The advantage of this endeavor is that it can actually get you cooking more meals at home. Once you are triumphant with the absurdly difficult, a meal for yourself or your family will seem like a cakewalk (so to say). And it can be a great money saver.
• Walk more. It simply feels great. And for those who have an "allergy" to working out, it's a great way to get the blood moving. If you are feeling extra adventurous, try putting some speed into that walk.
• Read the editorial page of your local paper. It introduces you to opinion and can be terrifically provocative and perhaps a great motivating force for you to get involved in your community, regardless of your political ideology.
• Get eight hours of sleep, though I never do.

Vous pensez bien que je n'ai pas pu résister, j'ai fait ma propre liste (je vous invite à créer la votre, sur votre blog si le coeur vous en dit, comme une sorte de tag;)) !

• S'entourer de jolies choses. Un bouquet (tout simple) sur la table, boire son café ou thé dans une jolie tasse, ça compte pour le moral !
• Le soir, au lieu de ruminer vos idées alors que vous cherchez le sommeil, n'hésitez pas à prendre un carnet et dresser la liste des choses à faire, celle de vos soucis/envies. Une fois le carnet posé sur la table de nuit, oubliez tout et dormez tranquille.
• Penser à sourire. Avec le stress, on se crispe facilement. Parfois, je revèle la tête en me demandant de quoi je dois avoir l'air ?! Ce simple geste est réellement bénefique. Quitte à avoir des rides dans quelques années, autant que se soit parce que l'on a trop rit que parce que l'on a froncé les sourcils tous les jours ...
• Côté salle de bains, faites le tri de vos produits de beauté. Eliminer ce qui n'est plus utilisable et rangez soigneusement le reste, je suis sure que vous allez retrouver un rouge à lèvres ou un vernis oublié.
• Achetez-vous ce chapeau qui vous fait si envie. D'accord, vous n'aurez peut-être aucune occasion de le porter ou alors quelques après-midis d'été, dans le jardin ou sur le lieu de vos vacances et alors ? Devez-vous vous priver pour autant ? Le reste de l'année, il sera parfaitement à sa place, dans votre chambre et vous rappelera de bons souvenirs ensoleillés ...
• Rien n'est plus apaisant que de caresser un chien ou un chat. Si comme moi, vous n'avez pas de boule de poils à disposition, n'hésitez pas à sauter sur celles de vos amis. Quitte à n'aller chez eux que pour la compagnie poilue :).
• Pour faire vos courses, il vous faut un panier. Un vrai, en osier. Tellement craquant que nous n'avez pas pu résister. Vos achats auront tout de suite, plus d'allure !
• Lisez. Ce que vous aimez, peu importe le genre, l'auteur ou l'épaisseur du livre mais lisez, c'est tellement bon !

"Le prédicateur" - Camilla Läckberg - Actes Sud

La suède. Ikea. Abba. La princesse Victoria et sa soeur Madeleine (un jour, je vous raconterai ma passion secrète pour les têtes couronnées). Millénium pour des milliers de lecteurs (je peine à démarrer le premier tome. A une époque, j'avais vraiment envie de lire ces 3 tomes et là, en quelques dizaines de pages, le soufflé retombe...). Et Camilla Läckberg, ainsi que son héroine Erica, depuis cet été.

"Le prédicateur" fait suite à "La princesse des glaces" et c'est avec plaisir que nous retrouvons Erica et sa petite ville de Fjällbacka. La saison estivale bat son plein lorsque le corps d'une jeune femme est retrouvé sur les rochers. Des ossements plus anciens apparaissent alors: il s'agirait de deux jeunes femmes disparues depuis près de vingt-quatre ans ! Patrik Hedström, le compagnon d'Erica est chargé de l'enquête.

Les anciennes pistes se dirigeaient vers la famille Hult dont le patriarche Ephraïm était surnommé le prédicateur. Ses deux fils Gabriel et Johannes, dôtés de talents de guérisseur ne faisaient que renforcer la ferveur des fidèles ... Suite au suicide de Johannes, la famille s'est divisée en deux clans que tout oppose.

Alors que l'ensemble du commissariat travaille sur cette affaire, on apprend la disparition d'une jeune vacancière. Le temps est désormais compté, Patrik et son équipe vont devoir résoudre bien des pistes s'ils veulent retrouver Jenny avant qu'il ne soit trop tard ...

Camilla Läckberg nous propose, une nouvelle fois, une intrigue pleine de suspense avec des pièces de puzzle, bien difficiles à assembler. Quand on croit que Patrik et ses co-équipiers sont sur la bonne piste, un nouvel indice apparaît ! La tension est à son comble avec la disparition de Jenny, il semble alors évident qu'il s'agit du même mode opératoire donc du même criminel ...

Heureusement, l'ambiance s'allège lorsque Patrik rentre chez lui et retrouve Erica, enceinte et proche de son accouchement. Elle ne participe pas à cette affaire, elle est bien trop occupée à souffrir de cette canicule qui s'abat sur la région et à supporter la visite de différents membres de la famille ou amis. J'ai regretté de la voir si peu , ou du moins, si peu impliquée mais je pense que l'enquête y gagne en profondeur. Cette fois-ci, c'est Patrik qui est mis en avant, son équipe de bras-cassés n'aidant pas toujours... Le côté chick-litt qui avait déplu à certains lecteurs , disparaît. Plus de questionnements de fille comme dans le premier livre.

Pour les frissons, sachez que le lecteur a accès aux pensées des premières victimes ...

Encore un roman que j'ai adoré ! Le prochain devrait sortir en novembre.

Miss Charity

De Marie- Aude Murail. Aux éditions L'école des loisirs.

Présentation de l'éditeur :

Charity est une fille. Une petite fille. Elle est comme tous les enfants : débordante de curiosité, assoiffée de contacts humains, de paroles et d'échanges, impatiente de créer et de participer à la vie du monde. Mais voilà, une petite fille de la bonne société anglaise des années 1880, ça doit se taire et ne pas trop se montrer, sauf à l'église, à la rigueur. Les adultes qui l'entourent ne font pas attention à elle, ses petites sœurs sont mortes. Alors Charity se réfugie au troisième étage de sa maison en compagnie de Tabitha, sa bonne. Pour ne pas devenir folle d'ennui, ou folle tout court, elle élève des souris dans la nursery, dresse un lapin, étudie des champignons au microscope, apprend Shakespeare par cœur et dessine inlassablement des corbeaux par temps de neige, avec l'espoir qu'un jour quelque chose va lui arriver...

Voilà un roman-objet qui provoque la curiosité: très épais (près de 600 pages), il se lit pourtant très facilement. Les nombreuses illustrations (près d'une centaine)  à l'aquarelle de Phillipe Dumas allègent l'ensemble et le rendent encore plus vivant, les petits animaux de Charity semblent prendre vie et s'amuser sous nos yeux. Et s'il s'adresse à un public jeunesse, les grandes personnes y trouveront pourtant nombres de références de cette Angleterre du XIXe siècle à travers les coutumes et même certains auteurs puisque on y croise Oscar Wilde ou encore Bernard Shaw ! Les différents niveaux de lecture en font un roman atypique, qui ravira les lecteurs de tous âges !

La jeune héroine, Charity semble bien seule. Fille unique d'un couple de la bonne société, son univers est le troisième étage de la maison qu'elle partage avec sa bonne Tabitha. Paradoxalement, si l'enfant est laissé de côté par des parents peu réceptifs à ces jeux, elle jouit d'une grande liberté et peut laisser cours à sa fantaisie ! Une ménagerie de petits animaux emménage bientôt dans la nursery, des souris dans la maison de poupée, un lapin, des oiseaux ... Très vite, elle ajoute à une étude minutieuse de ces amis, de belles aquarelles détaillées les mettant en scènes. Récitant Shakespeare, pour s'endormir notamment, elle apparaît, aux yeux de ses proches, comme une enfant originalevoire excentrique. Cette étiquette ne peut disparaître puisqu'en grandissant, Charity exprime son opinion sur le mariage qu'elle refuse, s'opposant alors à cette société victorienne tout entière, les jeunes filles de l'époque se devant, comme les héroines de Jane Austen, de faire la bonne union, qu'est ce que l'amour viendrait faire dans cette histoire ?

De cette solitude subie puis aimée dans ces jeunes années, Miss Charity en tire son indépendance. Ces jolies aquarelles racontent les aventures imaginaires de Master Peter et feront vite le bonheur de nombreux enfants ! Une jeune femme qui travaille, voilà encore une idée décadente !

Intelligente et vive d'esprit, plus forte qu'elle ne le pense,  Charity Tiddler, proche de Beatrix Potter,  est décidément un personnage très attachant. Ses erreurs de parcours sont un peu les nôtres, on se sent si bien à ses côtés ...

Vous trouverez, sur le net, de nombreux avis enthousiastes à propos de ce roman (je pense à Emjy et de nombreuses personnes de l'Auberge) . Certaines semblent définitivement conquises et leur ravissement fait plaisir à lire ! Néanmoins, je ne suis pas aussi emballée qu'elles. J'ai apprécié la lecture des ces aventures, me suis plongée avec bonheur dans ces pages, j'ai aimé les nombreux clins d'oeil à cette littérature anglaise mais quelques détails m'empêchent réellement d'être complètement envoutée. Peut-être parce que je ne suis pas tombée sous le charme du gentleman de ces pages ....