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Carnet - Page 74

  • Women

    Ce matin, bien au chaud sous ma couette, essayant péniblement d’émerger d’une nuit agitée de mauvais rêves, j’ai entendu parler une certaine  reine de beauté  (copine de la dame au chapeau) à la radio et même au travers le brouillard qui planait sur mes idées, j’ai senti mes cheveux se hérisser et mon esprit de réveiller !

    Melle, présentée comme une jeune femme cultivée cette année puisqu’elle a fait des « études », donnait son point de vue sur la journée de la femme, en gros cela donnait « pourquoi ne fêter les femmes qu’un seul jour par an et non les 364 autres ? ». Evidemment, pas un blaireau pour relever …

    Mode minute blonde on (donc second degré, hein, je n’ai rien contre les blondes en général, c’est juste « une image », on est d’accord): »Ben oui, c’est vrai pourquoi ? «

    Parce que la journée de la femme n’est pas une célébration à proprement parlé,  c’est plutôt une mise en évidence des droits de la femme et du non respect de ceux-ci dans le monde, qu’une pyjama party, ma jolie !

    Je ne suis pourtant pas une « féministe » dans l’âme ( du moins pas l'image négative que lon peut en avoir, je suis pour une égalité des sexes qui me semble être logique et naturelle mais bon..) mais j'avoue que je suis indignée: comment peut on sortir une débilité pareille alors que, tant de femmes sont considérées comme une « chose » dont on peut disposer, un corps sans esprit à utiliser , un être à vendre, à violer, à battre, à marier de force, à soumettre à la décision d’un homme (père, marin, frère) , une pauvre chose que l’on ne prend  pas la peine d’éduquer  …?!
    Cette même femme, plus proche de nous, dont on ne voit pas les bleus des coups parce qu’elle apprit à les cacher et qui habite au sixième étage ou encore celle du quatrième qui à niveaux d’études et postes égaux, gagnerait toujours 20% de moins que son collègue masculin…

    C’est facile de fermer les yeux, une telle journée internationnale est là pour nous rappeler qu’il y a encore de la route à faire et que nous pouvons être fières de ce que nous sommes, malgré tout.

    Quand même …


    Edit : Hélène a visiblement la même idée que moi sur la question :) …

     

  • Un soupçon d'Emily Gilmore ...

    Toutes les deux devant nos bols roses et blancs, nous avons mangé des "chocos" à la vanille pour la goûter. Un thé pour chacune, nous avons papoté de choses et d’autres et j’ai réalisé combien ce genre de petits moments, était délicieux.

    Petite au catéchisme, je me souviens d’un exercice donné par la dame qui officiait alors à mon éducation religieuse (pas très efficace cette femme  mais passons) : il fallait dessiner une grande marguerite et dans chaque pétale, écrire les noms des personnes que nous aimions et au centre, celui de l’être le plus aimé au monde. Armée de mes feutres et autres crayons, je m’étais appliquée et j’étais très fière de mon travail. Relevant la tête, j’avais soudain découvert les fleurs des autres enfants : l’immense majorité avait inscrit « Jésus » au centre (bande de fayots, c’est comme ça que vous vouliez l’avoir votre place au paradis ?!) alors ma belle écriture de petite fille avait noté « Mamie ».

    Quand je parle d’elle, je dis « ma grand-mère ». A la maison, je l’appelle « Mamie ». « Mamina » parfois sans trop savoir ont lui vient ce surnom.

    Ces derniers temps, j’ai parfois eu tendance à m’emporter sur nos différences. Je ne supporte pas que « sa » pensée vieillisse, j’essaie d’accepter que sa santé décline mais cet esprit vif qui est le sien, celui qui a toujours fait d’elle cette personne si spéciale, je ne peux la laisser prendre ce chemin …

    Elle a toujours été « jeune » dans sa tête, un peu originale et si élégante que j’ai du mal à la voir ronchonner de la sorte, aujourd’hui. Je sais qu’elle m’écoute quand même d’une oreille mais si au final, elle n’en fera qu’à sa tête.

    Tant que la malice pétille encore dans ses yeux marrons, tout ira bien. Parce qu’il le faut ;) !

    medium_Emily.jpg
  • We have to make our mistakes. Maybe…

    Après le déjeuner, je suis prête à parier que ma filleule a eu envie de dire à ses copines que même sa marraine la faisait trop ch**r.
    Non qu’elle ait l’habitude d’utiliser ce genre de mots mais elle a 12 ans et demi et tout le poids de l’adolescence sur les épaules !
    Quand on a cet âge, les adultes sont pénibles, ils ne savent que nous contrarier et s’opposer à nos idées. Ils semblent ne pas comprendre ce que l’on ressent, ne pas vouloir aimer ce que l’on aime, ils semblent …vieux !
    Eh oui, j’ai eu cet âge moi aussi, je sais de quoi je parle !

    J’aimerais tellement qu’elle comprenne que je ne suis pas contre elle. Que je ne m’oppose pas à ce qu’elle est. Mais à ce qu’elle croit être. C’est un âge où on ne sait pas qui on est (le sait on jamais ?) et où il est facile de se laisser influencer.
    Je ne veux pas croire qu’elle est si sombre que cela, là, tout au fond d’elle…

    J’aimerais qu’elle sache que ma porte est toujours ouverte, qu’elle peut toujours venir me parler.
    Mais que je suis souffre de l’entendre dire que sa priorité est ses amies. Elle doit penser à elle, ne pas autant accorder d’importance aux regards des autres. Elle pense que c’est ce qui est primordial mais l’expérience m’a prouvé le contraire. Qui sait ce que l’avenir lui réserve ?
    Si quelqu’un était venu me dire que je perdrais tout contact avec mes amis de lycée, peut être aurais pris ce recul nécessaire et me serait concentrée sur moi ? Ou peut être faut il qu’elle le découvre par elle-même ?

    Je ne peux la laisser compter les jours  jusqu’à ses 18 ans pour obtenir cette prétendue liberté tant attendue : la vraie liberté est celle de l’esprit, celle d’être soi par rapport aux autres. Et cela n’a rien à voir avec l’endroit ou les personnes avec qui on habite.
    Bien sur qu’elle a envie de tatouages et de piercing et qu’elle est déçue de ne pas y avoir accès mais ce n’est pas le fait d’être majeure qui les rendra plus « adultes », ce sont des actes dont il faut peser le pour et le contre. Et ce n’est pas non plus cela qui la fera se sentir mieux dans sa peau.

    C’est une petite fille intelligente, vive d’esprit, créative, imaginative. Elle aime les arts et le dessin. Elle a certainement un esprit plus « bohème » que le reste de la famille. Et c’est beau aussi d’avoir des rêves …

    C’est tellement dur de lui faire comprendre tout cela, de lui montrer que mes conseils ne sont pas des interdictions mais des encouragements, que je souhaite son bonheur quoi qu’elle en pense.

    C’est parfois dur de voir cette lueur de défi dans les yeux. Parce que je n’en ressens que trop bien toute sa détermination …j’ai éprouvé la même et me suis cognée à la vie.

     

  • Ingrid

    Ingrid Betancourt et sa directrice de campagne Clara Rojas, sont prisonnières des FARC depuis le 23 février 2002.
    5 années passées dans la jungle pour les deux otages, des familles qui vivent cette attente insoutenable sans avoir de preuves de vie et qui se raccrochent à une radio qui diffuse leurs messages de soutien et d’amour que parfois, leurs proches peuvent entendre. Rendez vous compte, cinq années à survivre dans la jungle, à marcher pour passer d'une cache à un autre, à être privé de ses proches et d'un des droits les plus élémentaires, la liberté !

    Ils sont, malheurusement, près de 3000 otages en Colombie.

    Ne pas parler d’Ingrid serait pour moi, oublier le combat d’une femme que j’avais découvert un peu avant son enlèvement, à travers ses mots dans un numéro de « Elle » et que j’ai suivi depuis cette époque.

    Née à Bogota, elle a fait une partie de ses études en France. Elle est devenue citoyenne de notre pays par son premier mariage et a toujours aimé notre culture.
    Après son divorce, alors qu’elle aurait pu choisir de vivre à l’abri du besoin, une vie tranquille, elle entre en politique pour le peuple colombien, qui vaut bien mieux que toute cette corruption, au sein du pays, qu’elle dénonce.
    Elue députée puis sénatrice, elle n’a de cesse de lutter pour contre ce mal qui ronge sa patrie et ce, malgré les menaces. C’est lors de la campagne présidentielle de 2002, qu’elle est enlevée par les FARC.

    Son combat, sa vie de femme me touche. Je me souviens de l’émotion que j’ai ressenti en entendant les informations. Puis celle qui m’a serré la gorge quand j’ai lu l’été suivant, la rage au cœur (Pocket) où elle se livre sans détour. La suivre au travers des pages, au calme à la campagne , sous le soleil de mes vacances et la savoir prisonnière au même moment, m'a bouleversée.
    Plus que mots, ce sont les siens que j’aimerais que vous lisiez :

    « Je m’appelle Ingrid Betancourt, j’ai 40 ans, je suis mère de deux enfants. Je suis sénateur de mon pays, la Colombie.
    Je dois beaucoup à la France. Je voulais raconter mon combat au pays qui m’a appris la démocratie et la liberté. Vous savez combien les cartels de drogue sont puissants chez nous. Vous entendez parfois parler des tueries qu’ils provoquent. Mais derrière ces organisations mafieuses, il y a mon peuple, un peuple courageux et fier qui veut sortir de cet engrenage infernal. Depuis maintenant 10 ans, je me bats pour lui.
    C’est dangereux. Mes enfants ont été menacés s et j’ai dû me séparer d’eux pendant trois ans.
    A deux reprises, la mafia a tenté de me tuer. Je suis consciente du danger mais il ne me fera pas reculer.
    »

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    Hasard du calendrier, j’ai enfin trouvé le livre regroupant les lettres que sa maman Yolanda lui adresse via la radio, tous les matins («  Ingrid, ma fille, mon amour » de Yolanda Pulecio Betancourt Chez Robert Laffont) : des textes forts, remplis d’amour, de nouvelles de ses proches, de cette longue attente, de l’impatience de la revoir et la mobilisation de sa famille : sa sœur Astrid, ses enfants Mélanie et Lorenzo qui se battent pour sa libération.

    Mélanie Betancourt était présente chez Laurent Ruquier la semaine dernière. J’avoue être à la fois bufflée par son courage et émue de la voir se battre de la sorte, on ressent alors tout son amour de petite fille et le manque mais aussi sa formidable détermination. Elle semble si forte et pourtant n’a que 21 ans. La vie ne devrait pas pousser les jeunes vers une maturité trop tôt acquise. Il faudrait pouvoir garder un peu d’innocence, tout au long de son chemin, vous ne croyez pas ?

    Cela peut paraître un peu stupide mais j’avais besoin d’écrire cette note.
    Un élan du cœur envers une personne et une cause plutôt qu’une autre ne s’explique pas forcément. Ne se dit pas aussi, forcément mais pour Ingrid, Clara et leurs proches, il est important de se mobiliser. Pour ne pas les oublier et faire qu'un jour, elles soient libres ! 

  • "La vie, c'est tellement ...Enfin, bref."Kelly Marquette alias Skeletor*

    ~ Cette note écrite la semaine dernière mais non postée, faute de connexion, colle encore desespérement à l'humeur de ce dimanche soir ...La voici donc. *Citation extraite de "Quatre filles et un jean" d'Ann Brashares".~

    Les photos de notre enfance ont un pouvoir magique, celui de nous replonger instantanément à cette époque, de revivre ce que nous ressentions alors, du soleil de ce jour d’été à la joie que nous avions eu,  en apprenant à faire du vélo sans petites roues à l’arrière.
    Les sourires que l’on peut y voir semblent vouloir durer toujours, il ne sera jamais remis en question que nous étions heureux à l’anniversaire de nos 6 ans mais quand en est il aujourd’hui ?

    Notre regard change, bien sur que la petite fille était heureuse et il n’y a pas forcément  de raison pour qu’elle ne le soit pas maintenant , elle est juste un peu mélancolique en se replongeant dans ses souvenirs.

    Les personnes présentes sur les clichés ont pris quelques rides au coin des yeux, certaines des cheveux gris. Il en y a qui sont partis, loin, très loin. D’autres sont arrivés. Pourtant, les rêves sont restés les mêmes, chacun souhaite du bonheur et de l’amour.

    Je ne sais que trop bien ce que pense cette petite fille à la frange en désordre : elle croit dur comme fer que sa famille est unie, elle sait qu’elle a de la chance, ce n’est pas toujours le cas. Elle se dit aussi que les personnes qui l’entourent sont formidables, elle sait qu’elles ne sont pas parfaites (qui peut prétendre l’être) mais elle ne voit pas les défauts. Comme beaucoup de gamines, elle considère que son père est le meilleur même si ceux des amies sont plus rigolos parfois, elle veut croire que c’est le plus fort, quoi qu’il arrive.

    Grandir, c’est réaliser que les adultes que l’on aime ne sont que des êtres humains, qu’ ils n’ont pas forcément une solution à tous les problèmes, qu’ils ont aussi des failles.
    Ils peuvent commettre des erreurs aussi grandes qu’eux mais  malgré tout, on sait qu’on les aimera toujours.

    Je croyais être « grande ».
    Je pensais que j’avais bien rangé mes désirs de famille extraordinaire avec mes poupées, au fond du tiroir.
    Mais ils n’étaient pas si loin et je suis déçue d’être déçue, une fois de plus.

    La colère ne sert à rien. Elle ne permet pas d’avancer dans la vie et pourtant je ne n’ai pu m’empêcher ces derniers jours, d’en éprouver. Contre moi, contre lui.

    L’appareil numérique attend de nouvelles images, de beaux éclats de rire à saisir …

    Je crois avoir assez grandi, pour le moment. C’est décidé, la petite fille regagne la boite à fleurs et la jeune femme va profiter du présent, pour une fois.

    Mood : medium_groggy.2.png Groggy