Si je suis un peu moins présente ces temps-ci, c'est un peu de leur faute.
162 ans, à elles deux. Ma grand-mère et sa soeur. Hautes comme trois pommes, une ressemblance évidente, des rides au coin des yeux. Elles parlent des heures. De tout, du présent, du passé. Elles boivent des litres de thé, mangent du chocolat. Demandent à regarder un bon dvd, le soir, de préférence accompagnées. Elles ont l'air charmantes comme ça, elles le sont même s'il est difficile d'avoir un bout de vie sur le reste de la journée. Elles se couchent tard, se lèvent tôt, déjeunent longtemps et en profitent pour m'attraper. On remet ça à midi, au goûter et même au dîner. Un petit peu entre aussi. Partager ses moments avec une génération qui n'est pas la mienne est enrichissant, forcément.
Il m'est difficile de me détacher des angoisses sur la santé de ma grand-mère. Ses problèmes deviennent miens et j'ai parfois l'impression d'avoir 80 ans ce qui est très lourd. C'est de ma faute, je suis trop sensible et le fait de vivre avec elle, toute l'année, n'arrange rien.
On ne parle jamais assez de la douleur que l'on ressent à voir vieillir ceux que l'on aime. Peut être parce que l'on espère que cela n'arrivera pas trop tôt mais quand un proche prend de l'âge, tombe malade, notre regard change. Le sien aussi. Ce n'est pas facile du tout à gérer, voilà presque une personne que l'on ne connaît pas. Où est la grand-mère dynamique, pleine de vitalité toujours connue ?
Hier soir, j'écoutais Barack Obama, parler de la sienne. Pendant quelques jours, il stoppe sa campagne pour se rendre à son chevet à Hawaï. Il respecte profondément celle qui l'a élevé, seule, entre 10 et 18 ans et veut être auprès d'elle alors qu'elle ne va pas bien. Certains républicains pensent qu'il s'agit d'une manoeuvre politique pour s'attirer la sympathie de l'électorat blanc et senior. Se poseraient- ils la question si Obama était blanc ? Se pourrait-il qu'Obama soit humain, tout simplement et sincèrement inquiet ? Je le comprends Barack et je suis encore plus touchée par l'homme.
Une grand-mère réclame toujours un peu de présence. D'attention aussi. Et comme je n'ose pas penser à ce jour où..., je pardonne toujours. Ce qui ne m'empêche pas de soupirer et de râler en douce. Les relations familiales, un doux paradoxe !
En attendant, j'ai visionné nombres de films avec elles et je vous parlerai demain, d'"August Rush" ;).