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  • Un dernier hommage

    Je garde de cette journée de vendredi, un étrange sentiment : mélange de ratés, de maladresse, de situations aussi surréalistes que cruelles et paradoxalement beaucoup de tendresse et d’amour.

    La messe était en fait « une bénédiction » mais le prête n’en était pas une, enchainant les boulettes (c’est bien connu que mon grand-père n’avait qu’une passion dans la vie, son métier, et qu’il a coiffé tout le sud –ouest jusqu’à 80ans… -entre autres-) , cet idiot me cherchant du regard tout au long de la cérémonie au moment de lire un texte et m’oubliant presque à la fin alors que j’avais passé une heure la matin même avec lui pour mettre en place le déroulement de la cérémonie. Je n’ai trouvé le réconfort ni dans ses mots, ni dans sa présence au cimetière. Il a été plus que maladroit.

    Parce que j’ai sincèrement cru défaillir lorsque j’ai senti que je ne pourrais pas lui rendre un dernier hommage , tout ce à quoi j’avais pu me raccrocher jusqu’à ce moment là s’effondrait et c’est avec soulagement que je me suis enfin avancée vers le micro …
    Evidemment, je rêvais d’autre chose, de plus chaleureux, de plus "aimant" à l’image de l’homme qu’à été mon grand-père mais j’ai retenu qu’il avait été un homme généreux, courageux aussi qui a su se tourner vers les autres tout au long de sa vie.
    J’aurais voulu que l’amour que nous avions tous pour lui soit exprimé avec des mots, là dans cette église. Que l’on se souvienne de sa capacité à aimer la vie. Que les musiques que j’avais choisies pour lui, depuis une semaine, soient entendues…

    Un peu perdue au milieu d’une foule,  d’inconnus pour la plupart bien qu’étant de la famille, j’ai repensé à son sourire, j’ai regardé ces 3 bougies , là sur son beau cercueil et j’ai pensé que malgré tout, il était bien là où il était et j’espère qu’il a pu voir, sa famille réunie, ses enfants bouleversés et combien nous avons entouré sa compagne.
    J’ai remonté et descendu l’allée de l’église, derrière le cercueil avec elle. Je suis montée avec elle dans le corbillard, elle m’a tenu la main si fort …

    Nous lui avons dit « au revoir » au cimetière et ce fut certainement le plus dur à vivre. Mon cœur s’est déchiré lorsque j’ai lancé mon petit bouquet dans sa tombe et je ne peux que remercier ma marraine d’avoir su me prendre dans ses bras, au bon moment, pour me réconforter : le nez dans son cou, sur sa veste si douce avec son parfum, j’ai eu une impression de chaleur, d’un refuge où je pouvais enfin, me reposer et pleurer.

    Puis, j’ai embrassé nombres de joues, entendu des souvenirs ici ou là, des « il faut que l’on se revoir », vu des numéros de téléphone ou adresses échangés dans un espèce de brouillard lointain et ce ce n’est que le soir tombant que j’ai pu enfin trouver le calme auquel j’aspirais : là, au cimetière, malgré le vent fort qui faisait s’envoler les feuilles mortes, ressenti un apaisement en regardant la colline.

    C’est alors que mon père m’a dit « regarde la chapelle, elle est éclairée de l’intérieur, papy n’est pas seul, il a une veilleuse ».
    C’était magnifique, la lumière apportait une touche magique à la nuit et j’ai souri.

    "L’amour ne disparait jamais, la mort n’est rien.
    Je suis seulement passé dans la pièce d’à côté.
    Je suis moi, vous êtes vous.
    Ce que j’étais pour vous, je le suis toujours.

    Continuez à rire de ce qui nous faisait rire ensemble.
    Priez, souriez, pensez à moi.
    Que mon nom soit prononcé à la maison comme il l’a toujours été, sans emphase d’aucune sorte, sans une trace d’ombre.
    La vie signifie tout ce qu’elle a toujours été.
    Le fil n’est pas coupé.
    Pourquoi serais-je hors de votre pensée simplement parce que je suis hors de de vue ?

    Je ne suis pas loin, juste de l’autre côté du chemin."

  • Après

    Une fois passé le choc de l’annonce de sa disparition, une question s’est imposée : comment est mort mon grand-père ? Et parce que cela a plus d’importance que l’on ne le pense, savoir qu’il n’a pas souffert, qu’il était entouré mais aussi conscient de ce qui se passait, a tout de même un effet rassurant et à la fois angoissant.

    Puis vient le « folklore « des funérailles et là, on peut commencer à rire.

    Si, si. Entre deux larmes.

    Mon grand-père vivait avec sa compagne dans le Sud-ouest depuis des années, il avait tissé des liens avec sa famille, s’était fait des amis et a vécu heureux là-bas.

    Mais il a décidé de revenir dans sa région, celle qui a vu naître ses enfants et où il a exercé son métier.
    Lui qui a tant eu peur de partir trop souvent, qui a toujours parlé de sa mort au point de me faire déprimer avant l’heure à chaque fois que je lui téléphonais, a donc réussi l’exploit de s’offrir une semaine digne de l’emploi du temps de la reine d’Angleterre avec ni plus ni moins, deux messes dans deux régions différentes avec un long voyage de retour.

    La première a eu lieu mercredi matin, avec de magnifiques chants basques. Je suppose que la messe devait être très belle puisque j’en ai été » privée « , pour des raisons de « logistique « et parce que ma famille veut absolument me protéger de tout alors que je n’aurais qu’une envie, celle d’hurler que je veux me cogner à la vie, que j’aurais aimé être là près de lui, le revoir . Je ne suis cette enfant trop sensible.

    Mais respecter un protocole n’est finalement jamais facile pour personne : mon père qui déteste les cérémonies assisterait à deux messes alors que j’ai l’impression d’avoir du me battre pour avoir celle de vendredi…

    Demain après-midi, j’ai rendez vous pour un dernier hommage à l’église, avec une messe qu’il nous faut « construire » : en effet l’église propose différents textes et recommande de parler avec son cœur. On me donne enfin la parole, l’occasion est trop belle, je veux être à la hauteur et j’espère arriver à lire les textes que j’ai choisi. Je veux être forte pour lui, être digne et faire de cette messe, quelque chose de simple, sobre et teinté d’espoir malgré tout.

    La vie ne peut s’arrêter comme ça, la mort ne peut être qu’une étape et même si je ne me définie pas forcément comme »croyante», je suis soutenue dans mon idée par les nombreux et magnifiques que je viens de lire, notamment un, écrit par Martin Gray « Je crois [… ], Je ne sais pas …Je cherche… »
     

    Je crois en la vie, en sa force, sa fragilité aussi.

    Et puis, un peu , au ciel aussi ...

  • Somewhere over the rainbow...

    C’était  dimanche.
    Il a plu tout au long de la journée comme autant de larmes versées…
    Mon grand-père s’est éteint dans l’après-midi.

    Il est parti.

    Pourtant il n’a jamais été si proche de moi. Il me semble sentir son doux regard bleu posé sur moi, un peu à la dérobée comme s’il ne voulait pas trop que je sache qu’il me regarde.
    Je ferme les yeux et je revois sa silhouette, au loin. Sa démarche, son pas calme mais assuré et ses mains qu’il croisait dans le dos.
    J’entends son timbre de voix si particulier, le doux murmure de sa voix me saluant d’un « Mademoiselle Maud », son sourire.


    Il avait 85 ans, trois enfants et une petite fille mais avait eu cette qualité de se faire aimer de beaucoup, d’une autre famille entre autres. Il était généreux et chaleureux, simple et doté de bon sens.
    Il aimait profondément la vie, rire, ses ciseaux de coiffeur,  ses animaux, le son de l’accordéon,la nature son jardin, son Jura natal mais aussi le Sud-ouest, le sport et le vélo,  chanter et aller manger les fruits du verger, en cachette de sa compagne.


    Aussi inconcevable que soit l’idée qu’il ne soit plus là, je ne peux conjuguer le verbe « aimer » au passé.
    Car même absent, il est si présent au fond de mon cœur.
    Aujourd’hui et pour toujours.


    Je t’aime, papy.

    medium_Bougie.2.jpg

    Et je penserais à lui, chaque fois que j’allumerais une bougie. Je ne serais pas triste puisque sa flamme apporte la lumière…

  • A vous de deviner, qui "elle" est ...

      
    Flash-back
    C’est un matin d’été frais et agréable. Elle n’a pas de rendez vous précis mais elle a encore réussi à se perdre dans un livre et se retrouve en retard. Machinalement, elle met la radio dans la salle de bains pour se donner du courage et prend une longue douche fraîche, comme elle aime le faire tous les matins, comme si l’eau allait chasser les mauvaises pensées.
    Elle semble être perdue dans ses pensées, elle se regarde à peine et n’écoute que d’une oreille, la musique s’envoler dans la pièce quand elle l’entend.
    Comme si on lui avait donné un coup par surprise, elle relève la tête avec sa brosse à dents dans la bouche et se regarde tout à coup dans la glace recouverte de buée. Elle essuie machinalement la vitre mais sait très bien ce qui vient de lui arriver : l’espace d’une chanson, elle a vu sa vie défiler au travers de mots, comme rarement auparavant comme si cette dernière avait été écrite pour elle.
    Bien sur des choses ne collent pas et elle a souri à l’évocation des "couverts en argent "mais ce qu’elle vient de ressentir, la laisse comme sonnée, longtemps après la fin des notes.
    Jean-Jacques Goldman n’avait certainement pas la vision d’une héroïne aux cheveux enroulés dans une serviette mais elle court dans sa chambre rechercher le cd, fouille fébrilement et hésite presque à réécouter la chanson, tant son cœur bat fort. Elle a presque peur de se reconnaitre encore une fois dans cette chanson...

    Quelques mois plus tard…

    Il est tard, elle n’arrive pourtant pas à dormir. Elle devrait essayer de lire un peu, peut être ce roman de Jane Austen.
    Les idées tournent et retournent dans sa tête sans aucune raison. Elle sait qu’elle ne devrait pas refaire le monde avant de dormir mais elle a l’habitude, elle aime ce courage qu’elle peut ressentir parfois à l’idée de changer et elle aime ça, les envies prennent alors le pas sur les angoisses et elle se sent prête à affronter le monde. Tant pis, si au matin, ces douces résolutions s’évanouissent.
    Mais ce soir là, elle besoin d’être moins seule dans le noir de sa chambre et met une oreillette et la radio. Elle est bien installée, il y a du vent dehors mais il ne souffle plus dans sa bulle, elle est protégée, au chaud sous sa couette.
    Quand elle l’entend.

    Cette fois-ci, elle n’est pas surprise, monte même le son pour mieux savourer les mots qu’elle écoute. Elle sait que sa vie est faite de trop de conditionnel, de choses rêvées ou attendues, de futur un peu trop angoissant aussi.

    Mais elle sait aussi qu’elle est comme ça. Elle attend …
    Elle attend-Jean-Jaques Goldman
    Elle attend que le monde change
    Elle attend que changent les temps
    Elle attend que ce monde étrange
    Se perde et que tournent les vents
    Inexorablement, elle attend
    Elle attend que l'horizon bouge
    Elle attend que changent les gens
    Elle attend comme un coup de foudre
    Le règne des anges innocents
    Inexorablement, elle attend
    Elle attend que la grande roue tourne
    Tournent les aiguilles du temps
    Elle attend sans se résoudre
    En frottant ses couverts en argent
    Inexorablement, elle attend
    Et elle regarde des images
    Et lit des histoires d'avant
    D'honneur et de grands équipages
    Où les bons sont habillés de blanc
    Et elle s'invente des voyages
    Entre un fauteuil et un divan
    D'eau de rose et de passion sage
    Aussi purs que ces vieux romans
    Aussi grands que celui qu'elle attend
    "Elle", c'est moi ...

  • Pour les rennes, le compte à rebours a commencé ...

    Voilà que cette pensée vous surprend au moment où vous vous attendez le moins, alors que le ciel est gris et que vous regardez votre calendrier en buvant un thé un peu trop chaud. Au premier abord, rien de particulier, les chiffres ne dansent pas sous vos yeux, aucune date ne semble si particulière et pourtant, un sourire apparait alors au coin des lèvres.

    Parce que fidèle au rendez vous, vous réalisez alors qu’il reste moins d’un mois et demi avant Noël et rien qu’à cette pensée, votre cœur bat plus vite et vous redevenez cet enfant qui faisait des listes qui n’en finissait pas, au gros monsieur barbu qui habite au pôle Nord,  vous attendiez en comptant les jours, la venue du traineau dans la nuit et les cadeaux au pied de la cheminée le 25 au matin.

    J’aime profondément l’esprit de Noël et cette période de l’année où les magasins se parent de rouge et vert, de multiples décorations, parfois un peu kitsch mais qu’importe, ce qui compte alors est de se promener dans les rayons, les yeux grands ouverts comme ceux des plus petits en espérant trouver le bon cadeau pour la bonne personne.
    Bien sur dénicher le présent du vieil l’oncle s’avéra encore une tâche difficile et il y a fort à parier que vous tomberez encore à côté pour celui de votre père, il y aura aussi cette foule que vous maudirez encore et encore en portant vos sacs et le compte en banque qui frôlera dangereusement les abimes à mesure que les boules, guirlandes et étoiles décoreront les sapins.

    Moins d’un mois et demi plus tard, vous vous retrouverez en famille autour d’une table : vous serez plus ou moins à l’aise, Tino Rossi viendra résonner à vos oreilles tandis que votre tante vous proposera des huitres. Les lumières des bougies vacilleront un peu en fin de soirée, quand les adultes se souviendront de l’année où il y a eu tant de neige ou de celle où ils ont découvert que le père Noël  lui avait apporté ce train électrique ou cette poupée si magnifique qui brille à jamais dans leurs mémoires.

    Et vous regretterez déjà un peu ce mois passé, ce doux sentiment qui m’envahi aujourd’hui.
    Parce que même les plus grincheux cachent bien leur jeu, il est impossible de ne pas succomber au charme des fêtes. Peut être que vous ne ferez pas de cette période une fête mais je vous souhaite qu’elle soit tout de même douce, pour vous et vos proches.

    Comme une petite fille, je souris déjà en pensant à la liste que je vais faire et dans laquelle mes proches vont piocher, aux achats : des présents en passant pas le choix du papier cadeau aux jolies cartes, à la cachette qu’il faudra trouver( le tiroir de ma lingerie devenant décidemment trop petit ), aux téléfilms de l’après midi pendant les vacances d’hiver qui occupent l’attente et font rêver et que l’on regarde emmitouflé dans un gros pull, en buvant un chocolat chaud, à la jolie crèche que fait ma grand-mère et qui ne semble pas changer, au sapin qui s’amuse tous les ans à ressembler à la Tour de Pise et qu’il ne faut surtout pas toucher sous peine d’entendre la même mère-grand râler, aux chansons un peu démodées, à la jolie couronne de porte qui accueille les invités et que l’on se surprend à regarder le 24 décembre au soir, seulement , comme si on n’avait pas eu le temps avant…

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    Grey's Anatomy- 2x12

    Souriez, nous sommes le 15 novembre et c’est la plus jolie période de l’année !