Sur une idée de Chiffonnette.
En ce jeudi un peu gris et maussade de novembre, je vous propose un détour par New York et l'appartement d'Holly Godlightly, l'héroine de la nouvelle "Petit déjeuner chez Tiffany" de Truman Capote qui fut adaptée au cinéma avec l'inoubliable Audrey Hepburn. Le texte original, délicieux mais édulcoré pour son passage à l'écran, fait déjà référence à la célèbre boutique Tiffany's :
" C'est comme pour Tiffany, dit-elle. Ce n'est pas que je tienne aux bijoux. Les diamants, oui. [...] Mais ce n'est pas pour ça que Tiffany me rend folle. Ecoutez. Vous savez ces jours où vous êtes dans le cirage ?
_ Autrement dit le cafard ?
_ Non, fit-elle méditativement. Le cafard, c'est quand vous craignez d'engraisser ou quand il a plus trop longtemps. Ca vous rend triste, c'est tout. Mais le cirage, c'est horrible. Vous avez peur, vous suez d'angoisse, mais vous ne savez pas de qui vous avez peur. Sauf que quelque chose d'horrible va vous arriver mais vous ne savez pas quoi. Vous avez déjà eu ça ?
_ Très souvent, il y des gens qui appellent ça l'ansgt
_ Très bien, va pour l'ansgt. Mais que qu'est-ce que vous devenez dans ce cas-là ?
_ Un verre ne fait pas de mal.
_ J'ai essayé. J'ai aussi essayé l'aspirine. Rusty pense que je devrais fumer de la marijuana et je l'ai fait un bout de temps mais ça me donnait seulement la danse de Saint Guy. Ce que j'ai trouvé de mieux, c'est de prendre un taxi et d'aller chez Tiffany. Ca, ça me calme immédiatemment. La sérénité, l'air de supériorité. On a le sentiment que rien de très mauvais ne pourrait vous atteindre là, avec tous ces vendeurs aimables et si bien habillés. Et cette merveilleuse odeur d'argenterie et de sacs en crocodile. Si je pouvais trouver dans la vie en endroit qui me procure la même impression que Tiffany, alors j'achèterais quelques meubles et je baptiserais le chat. Je me dis que peut-être, après la guerre, Fred et moi ..."
Il est difficile de se détacher de l'image d'Audrey durant la lecture, elle est tellement ancrée dans les exprits ! Mais Truman Capote avait pensé à Marilyn Monroe pour interpréter Holly et c'est vrai que le personnage du roman est plus proche de cette dernière. Elle semble réellement marginale là où la Holly de cinéma est plus originale.
A lire, pour pouvoir faire la comparaison.