Une fois passé le choc de l’annonce de sa disparition, une question s’est imposée : comment est mort mon grand-père ? Et parce que cela a plus d’importance que l’on ne le pense, savoir qu’il n’a pas souffert, qu’il était entouré mais aussi conscient de ce qui se passait, a tout de même un effet rassurant et à la fois angoissant.
Puis vient le « folklore « des funérailles et là, on peut commencer à rire.
Si, si. Entre deux larmes.
Mon grand-père vivait avec sa compagne dans le Sud-ouest depuis des années, il avait tissé des liens avec sa famille, s’était fait des amis et a vécu heureux là-bas.
Mais il a décidé de revenir dans sa région, celle qui a vu naître ses enfants et où il a exercé son métier.
Lui qui a tant eu peur de partir trop souvent, qui a toujours parlé de sa mort au point de me faire déprimer avant l’heure à chaque fois que je lui téléphonais, a donc réussi l’exploit de s’offrir une semaine digne de l’emploi du temps de la reine d’Angleterre avec ni plus ni moins, deux messes dans deux régions différentes avec un long voyage de retour.
La première a eu lieu mercredi matin, avec de magnifiques chants basques. Je suppose que la messe devait être très belle puisque j’en ai été » privée « , pour des raisons de « logistique « et parce que ma famille veut absolument me protéger de tout alors que je n’aurais qu’une envie, celle d’hurler que je veux me cogner à la vie, que j’aurais aimé être là près de lui, le revoir . Je ne suis cette enfant trop sensible.
Mais respecter un protocole n’est finalement jamais facile pour personne : mon père qui déteste les cérémonies assisterait à deux messes alors que j’ai l’impression d’avoir du me battre pour avoir celle de vendredi…
Demain après-midi, j’ai rendez vous pour un dernier hommage à l’église, avec une messe qu’il nous faut « construire » : en effet l’église propose différents textes et recommande de parler avec son cœur. On me donne enfin la parole, l’occasion est trop belle, je veux être à la hauteur et j’espère arriver à lire les textes que j’ai choisi. Je veux être forte pour lui, être digne et faire de cette messe, quelque chose de simple, sobre et teinté d’espoir malgré tout.
La vie ne peut s’arrêter comme ça, la mort ne peut être qu’une étape et même si je ne me définie pas forcément comme »croyante», je suis soutenue dans mon idée par les nombreux et magnifiques que je viens de lire, notamment un, écrit par Martin Gray « Je crois [… ], Je ne sais pas …Je cherche… »
Je crois en la vie, en sa force, sa fragilité aussi.
Et puis, un peu , au ciel aussi ...