Impossible d’y échapper, elle est partout. La fameuse et unique, la rentrée des classes puisque « Charlemagne a eu, un jour, cette idée folle d’inventer l’école ».
Sur l’écran, ce soir au journal, , des petits pleurent et ne veulent pas quitter maman (Si tu savais bout de chou, ce n’est que le début …).
J’ai tellement pleuré lors de mon entrée en maternelle que la maîtresse a conseillé à ma mère, de me garder à la maison. Peut être que le fait d’avoir crié tout fort « elle est pas belle la maîtresse » n’a pas aidé à mon intégration …
Il a donc fallu que je trouve une source de bien être au milieu des années scolaires et c’est au sien de ma bulle que j’ai développé un amour inconditionnel pour les fournitures scolaires.
Dans ma famille de filles, le « magasin » était une grande maison de presse, faisait aussi office de librairie et de papeterie.
La veille de son accouchement, ma mère courait encore les fournisseurs. Bébé, je faisais mes siestes dans la petite cuisine située à l’arrière. Petite, je jouais à quatre pattes sous la table centrale des livres, avec mon oncle, au milieu des clients. Plus grande, j’ai passé mes vacances scolaires au magasin, derrière la caisse ou me cachant dans la réserve, au fond, au milieu des piles de cahiers, des feuilles et autres crayons. Je me rappelle de la magie que je ressentais alors au milieu de ce petit monde, les pages attendant sagement de trouver les plumes qui les noirciraient, les feuilles de trouver leurs places dans des classeurs, je pouvais rester des heures à y rêver, à imaginer des histoires et même des noms et des petites vies à ces fournitures : les petits carnets étant les bébés des grands cahiers A4, des familles toutes en couleur grâce à Clairefontaine et son joli motif.
Je voyais ma grand-mère s’agiter dès le mois d’août, pour préparer les listes des clients, respectant les demandes, glissant dans les sacs les crayons de papiers HB et autres stylos tout neufs.
Car finalement, une rentrée, c’est mieux qu’un nouvel an : une occasion de prendre un nouveau départ, de remplir les pages de sa vie, autrement, avec plus de couleurs et de bonheur, de nouveaux savoirs aussi.
Mes années d’école sont loin et le magasin a changé de propriétaire depuis longtemps mais chaque année, je ne peux m’empêcher de me promener au moins une fois dans ces rayons où parents et enfants se disputent le choix d’un agenda ou d’un classeur selon la mode du moment, où les petits cartables adorables attendent leurs petit propriétaires, encore inconscients de ce qu’il les attend.
Et cette année encore, je n’ai pu résister à quelques achats, indispensables, bien entendu !