Je suis pire.
Je suis impossible à vivre. Ne me dites pas le contraire, j’essaie de cohabiter avec moi depuis 28 ans, je sais de quoi je parle ! Je peux rester assise à méditer une phrase pendant des heures. Et même si j’essaie de m’occuper, là voilà qui me hante toujours et encore parce que je ne peux m’empêcher de penser.
L’auteur de la petite phrase n’y est absolument pour rien, je pense même qu’il l’a écrite en pensant bien faire, « cela partait d’un bon sentiment » comme on dit : quelques mots, verbes et pronoms, rien de bien méchant.
« …même si l'on te voit moins souvent sur msn et que tu donnes moins de nouvelles : c'est, j'espère, le signe que tu as une vie riche en dehors du net….»
Si tu savais… Une vie ? Alors c’est la vision que je peux donner ? Je peux donner le change à ce point ?
J’ai toujours du mal avec le regard des autres, toujours si éloigné de ce que je suis réellement mais avec le temps, je crois que je prends l’habitude.
Non, ce qui me tourmente, c’est de renvoyer cette image complètement fausse de la fille qui ne travaille pas et qui « s’éclate », qui vit surtout alors que la plupart du temps, ce n’est pas l’impression que j’ai. J’aurais tendance à toujours vouloir me justifier, à culpabiliser aussi, une envie de crier que je ne suis pas celle que vous croyez, que je suis loin de vivre ce que vous pensez mais un mélange de pudeur et de dignité me retient, fort heureusement.
Je suis assise là, face à mon pc, à me lamenter sur ma vie de jeune femme, comme j’aimerais parfois pouvoir dire que j’ai vécu un gros chagrin d’amour ! Une rupture, en voilà une bonne raison de ne pas être au top, c’est tellement romantique et cela veut dire que l’on a aimé, été aimée en retour, il y a un sens. Regardez comme les personnes se comportent de façon beaucoup plus douce avec une personne au cœur brisé. Je n’envie pas cette peine mais l’attention et le sens que la douleur a, à ce moment là.
Si quelqu’un venait s’assoir à mes côtés, me regardait gentiment et me disait « qu’est ce qui va pas ? », je serais bien incapable de formuler une réponse correcte, un « je suis fatiguée » qui aurait certes un sens mais après tout : » Maud, fatiguée ?! Franchement ce n’est pas nouveau !"
Les historiens se penchent sur les périodes où j’ai été « normale » et ce n’est pas évident à définir, le dernier a rendu les parchemins en les jetant, décrétant, les yeux exorbités, que « c’était une hypothèse impossible ». Je l’ai regardé s’en aller en hurlant et je n’ai pas cherché à le retenir.
Il n’y a qu’une mère pour vous dire que j’étais une petite fille pleine d’énergie et que je vais le redevenir mais les mamans, c’est fait pour ça, pour redonner confiance et y croire, à votre place. C’est doux et ça peut soulager. Parfois.
Et je si ne donne pas de nouvelles, c’est que je suis un peu trop perdue. Que je ne sais pas quoi dire et que je ne veux ennuyer personne. Je me rappelle pourtant bien de cette jolie phrase d’une amie à qui je confiais n’avoir que mon quotidien à raconter et sa réponse si juste et drôle : « Mais n’as-tu donc rien retenu de Loft Story ?! »
Je regretterais certainement ma note dans quelques heures, voudrait me justifier, me cacherait, pleurerait un peu peut être, me refugierait sous ma couette dans ce sommeil si présent ces derniers temps et retrouverait malgré tout le sourire car c’est ce que j’ai appris à faire.
Peut être même que j’en rirais ce soir…
« J’aimerais bien changer.
Déjà comme ça, toute petite,
Tantôt gaie, bientôt triste,
Je suis une équilibriste. »
Nolwenn Ohwo !
Note pour moi-même : Peut être devrais je écouter un peu moins Lara Fabian ? Et reboire ma tisane réglisse menthe ?